Pas pour le chien, mais pour vos projets et contenus…

Si vous évoluez dans le milieu de l’entrepreneuriat, des freelance, des professions libérales, des créateurs de contenu ou même des artistes, vous avez probablement entendu parler du concept de niche.

Issu du vocabulaire marketing, cibler un public de niche signifie trouver un segment de marché très spécifique sur lequel vous n’aurez pas ou peu de concurrence. Par exemple, créer un site de jeux vidéo spécifiquement dédié aux jeux de rôle sur Nintendo Switch : vous touchez une portion très ciblée et spécifique des amateurs et amatrices de jeu vidéo.

Pourquoi conseille-t-on de trouver votre niche ?

Lorsque nous lançons un produit, un service, une œuvre d’art ou un contenu en ligne, on se retrouve en concurrence avec des centaines, des milliers de personnes peut-être. Faites une petite recherche sur YouTube ou dans une app de podcast pour voir combien de contenus existent déjà à ce jour. C’est le même principe si vous lancez une marque de bougies, de savons, un service de coaching ou un cabinet de sophrologie.

Du coup, un peu à la manière des lumières lancées au petit bonheur la chance dans la nouvelle So Phare Away d’Alain Damasio, le défi pour la plupart d’entre nous, quelle que soit notre activité, est de se faire connaître.

C’est là que le concept de niche entre en jeu.

En gros, si vous faites de la sophrologie prénatale pour les femmes de plus de 35 ans, vous touchez un public plus restreint, mais aussi plus spécifique, et votre offre sortira du lot par rapport aux centaines de sophrologues « généraux ».

Avec une niche, on touche un public plus restreint. Mais ce public-là va peut-être nous trouver plus facilement, et se diriger vers nous plutôt qu’une personne plus généraliste.

C’est pour cette raison que, quelle que soit l’activité, l’art ou le contenu que vous souhaitez faire connaître, le conseil « ciblez une niche » revient de manière récurrente.

La niche de mon blog

Avant d’aller plus loin, je vais illustrer la conséquence de ce genre de conseil sur mon blog personnel. En 2009, j’ai ouvert le blog La nife en l’air, qui a duré pendant dix ans avant que je décide de rassembler tout le contenu ici sur florieteller.

Comme la plupart des blogueurs et blogueuses, j’avais envie de trouver un public pour la nife, ne serait-ce que pour échanger avec les lectrices et les lecteurs sur les sujets qui m’intéressent.

La voix qui se déploie…

Au départ, la première nife, toujours disponible sur blogspot je pense, servait à partager mes poèmes, fraîchement retrouvés à la faveur d’un tri de cave ou de grenier.

Puis j’ai commencé à étendre les sujets de discussion, intuitivement, par rapport à ce qui m’intéresse : des partages de contenus culturels que j’apprécie, comme de la musique, des livres, des séries ou des jeux vidéo, puis des pensées sur l’écriture, ensuite sur le minimalisme lorsque j’ai commencé à m’y plonger sérieusement en 2011.

À ce moment-là, le blog était parti dans toutes les directions, des facettes de moi-même qui me passionnaient et me donnaient envie de partager.

… mais il faut une « niche »

Le nombre de lecteurs et lectrices ne progressaient pas tellement, là où les blogs de mode par exemple, dans leur niche, commençaient à exploser.

De manière semi-inconsciente, je me suis dit qu’il fallait que je « recentre » la ligne éditoriale de mon blog, que ma « cible » soit claire. Dans ma tête, les gens qui s’intéressent au minimalisme n’avaient cure de mes poèmes, et ceux qui aiment la lecture se fichent bien du projet garde-robe capsule.

Alors, j’ai bifurqué les sujets de la nife pour parler uniquement de simplicité et d’écologie. J’ai tu toute une partie de moi, la partie artistique, celle qui ne se sentait pas légitime peut-être, pour me limiter à ma « niche ».

La conséquence ? J’ai commencé à rassembler davantage de lecteurs et lectrices, oui. Surtout lorsque le minimalisme a commencé à faire fureur dans les pays francophones. Mais cette audience-là n’avait cure d’écriture, de culture pop ou d’imaginaire, pour ne citer qu’un autre aspect de moi.

Ainsi, lorsque j’ai renoué avec l’écriture de manière sérieuse en 2015, mes articles sur le sujet n’intéressaient pas les lecteurs. Je me suis donc à nouveau censurée.

Jusqu’à cette année 2019, où, après un long travail sur moi-même et un accompagnement par une coach professionnelle, j’ai décidé de bouter le syndrome de l’imposteur hors de mon espace créatif (même s’il continue à traîner pas loin) et d’oser vous présenter toutes les facettes de l’artiste que je suis.

Le danger de la « niche »

Le problème de se limiter à une niche bien précise, c’est que vous risquez, vous aussi, de vous censurer. L’être humain est riche et foisonnant. Ce qui fait votre particularité, ce n’est pas votre « niche », mais votre univers créatif et personnel. 

En limitant nos propositions à un segment très précis de la population, choisi en fonction de critères de marché et de stratégie commerciale, ne risque-t-on pas d’éteindre la voix qui fait de nous des êtres humains singuliers et authentiques ?

La conséquence pour moi en tant qu’artiste, c’est qu’en parlant avec une voix tronquée pour toucher la niche des minimalistes urbains, je me suis coupée de toute une partie de lectorat, de vous, qui êtes peut-être ici parce que vous avez apprécié ma voix dans son ensemble, malgré ses défauts et les sujets épars et multiples que je partage.

Peut-être que tout ce que je partage ne vous intéresse pas. Vous êtes artiste ou écrivain(e) et mes histoires de garde-robe capsule ne vous tentent pas. Ou, à l’inverse, vous cherchez à simplifier votre vie et vivre en accord avec vos valeurs et mes conseils artistiques ne vous concernent pas.

Mais au final, tous ces sujets font partie de ma voix, et font la singularité de ce que je propose sous le pseudonyme florieteller.

Alors, on bannit la niche ?

Si vous me connaissez un peu, vous savez que je suis partisane d’équilibre et de modération. Alors non, je ne conseille pas de bannir la niche. Si vous êtes sophrologue et que vous avez très envie d’apporter des services pour les femmes enceintes de plus de 35 ans, ne vous censurez pas parce qu’une artiste a raconté sur internet qu’il ne fallait pas trouver de niche.

Par exemple, mon contenu autour de la simplicité (le podcast Simple & Cité si vous ne le connaissez pas) s’adresse toujours à une population urbaine saturée de distractions et en manque de temps et d’espace. Et mes romans s’adressent toujours aux amateurs de SF et de polar, parfois en même temps et toujours avec une pointe d’optimisme.

Ce que je vous conseille, c’est de réfléchir à partir de l’intérieur, de votre voix. De quoi avez-vous envie de parler ? Comme mes premiers tâtonnements de blog où j’osais aborder tous les sujets qui me passionnent, voyez ce qui vous parle, ce qui vous anime, et de quelle manière ces facettes vous caractérisent en tant que professionnel(le), mais aussi et surtout en tant qu’être humain.

Car au final, quel que soit votre projet et votre audience, tout est lien d’être humain à être humain.

faut-il trouver une niche pour communiquer efficacement?

La niche du voyage créatif

Pour conclure, voici en guise d’exemple la manière dont j’aborde l’une de mes créations : le voyage créatif.

Aujourd’hui, le voyage créatif ne s’adresse pas à une « niche » particulière. Ce n’est pas un programme de coaching pour écrivains, ou de reconversion professionnelle pour actifs urbains en crise de sens. Même s’il peut, de fait, s’adresser à ces deux types de personnes.

Je m’efforce de proposer des outils, des clés pour puiser dans votre singularité, à votre manière, pour trouver une voie/x qui vous correspond. J’y mets mon cœur, mon expérience et mon humanité de manière authentique. Ma niche, ce sont toutes les personnes qui seront touchées par cette démarche et y trouveront leur compte par rapport à leurs besoins.

Alors oui, c’est plus difficile à vendre que si j’affirmais m’adresser en particulier aux écrivains en quête de leur première publication, ou aux artistes en quête de leur propre style. Et mon contenu va parler de communication authentique un jour, de mes livres de SF préférés le lendemain et de voyage minimaliste le jour d’après.

Mais c’est aussi ce qui fait la particularité de florieteller, écrivaine de SF et polar parfois en même temps, illustratrice, poétesse, optimiste, adepte de simplicité et fan de bougies parfumées.

Et vous, quelle est votre particularité ? Quelle est la pierre multi-facettes qui vous représente en tant qu’artiste, entrepreneur(e), artisan(e), libéral(e), créateur ou créatrice de contenu, de projets, en tant qu’être humain ?

C’est ça, votre niche. Votre voix singulière et authentique, sans auto-censure.

2 Comments on “Devez-vous trouver votre “niche” ?”

  1. Comment j’ai fait pour passer à côté de cet article ? Merci Pinterest de me l’avoir montré ^^
    Je crois que tu touches du doigt mes préoccupations du moment. Depuis que je me renseigne sur la manière de toucher un public engagé et intéressé, je vois ce terme de niche partout: créer son “persona”, définir sa cible. Pas facile, déjà pour une artiste, parce que concrètement, comment dire qui va être intéressé.e par ses créations? Mais alors quand on a plusieurs casquettes, quelle galère !

    • Je suis contente de savoir que l’image Pinterest a été utile pour trouver l’article ^^ Au moins je sais que ça sert à quelque chose d’indexer les articles sur Pinterest !

      Ensuite effectivement, le souci en fait, c’est que tous les conseils qui existent aujourd’hui autour de l’entrepreneuriat, du blogging, de monter un business, une boutique etc. sont très orientés marketing traditionnel – avec les segments de marché, les niches, le personal branding etc. Et en fin de compte il manque de ressources, je trouve, pour les personnes qui ne se retrouvent pas du tout ni dans ce jargon, ni dans cette approche. J’espère que le voyage créatif apportera cette vision alternative des choses. Je suis contente que ce premier article sur la niche t’ait parlé en tout cas, merci 🙂

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