Le soleil dardait ses rayons sur les vastes prairies du jardin. Le lac scintillait de mille feux et la rivière murmurait une douce mélodie en réponse aux oiseaux colorés de cet éternel été. Comme chaque jour, l’homme et la femme profitaient des joies de leur doux habitat, laissant leurs pieds s’enfoncer dans l’herbe moelleuse, leurs doigts effleurer les douces feuilles des saules pleureurs, et leur peau se réchauffer sous la chaleur de l’astre brûlant.
Mais aujourd’hui, la pomme était enfin mûre. Ronde et pleine, rouge comme le ciel de fin de journée. Il était temps pour le serpent de remonter le tronc de l’arbre et d’attirer l’attention des jeunes êtres humains. Ce fut la femme qui la première repéra le beau fruit, pendant lourdement sur une branche basse du pommier. Alors qu’elle s’approchait, elle s’extasia devant la majesté de l’arbre qui étendait ses branches au ciel et ses racines sous le sol meuble de la prairie.
Elle s’apprêtait à héler l’homme lorsqu’elle trébucha contre l’une de ses immenses racines et se foula la cheville dans un petit cri de douleur. Il se précipita aux côtés de la jeune femme pour l’aider à se relever. La pomme tomba au pied de l’arbre, et, tandis que le couple redescendait vers la rivière, fut oubliée.
On dit que les vers de terre furent chassés du jardin, plus tard ce jour-là. Quant à l’homme et la femme, il vécurent une éternité dans la langueur de l’été.
Et qu’est-ce qu’ils s’ennuyaient…
(52 micronouvelles en 2018 – 1/52 – série : Élément déclencheur)