Dans la forêt se trouvait un loup. Seul, il cherchait refuge sous les
feuilles d’arbres ou dans les terriers abandonnés. Il brûlait de
trouver de la compagnie, mais les autres animaux le fuyaient.
« Que tes crocs sont acérés ! » disaient-ils.
Puis, un jour, trois petits cochons s’installèrent dans le voisinage. Pour une raison qui échappait au loup, ils décidèrent de construire une maison chacun. Le premier construisit une maison de paille. Le deuxième décida de se concocter un chalet en bois. Et le troisième fit venir des concessionnaires pour fabriquer une maison de briques et de ciment.
Pour leur souhaiter la bienvenue, le loup décida de leur rendre visite. Il frappa à la porte du premier, qui se terra de peur. Désespéré, le loup soupira, et la maison de paille s’effondra sur la tête du cochon, qui périt d’une crise cardiaque. Accablé d’un tel événement, le loup enterra le corps du cochon avec tous les égards.
Mais les animaux commencèrent à raconter que le loup avait soufflé sur la maison du cochon pour le dévorer.
Alors, le loup rendit visite au cochon dans son chalet de bois. Mais, alors que le cochon ouvrait la porte, les fondations du chalet se mirent à trembler, et la maison s’effondra sur son pauvre habitant. Personne ne vécut assez longtemps pour poursuivre les charpentiers en justice.
Pensant qu’il portait malheur à cette forêt, le loup solitaire rassembla ses quelques affaires dans un baluchon et, le cœur lourd, quitta la région.
Pour faire le malin, le troisième cochon raconta à qui voulait l’entendre que le loup avait dévoré ses deux cousins, mais qu’il avait été plus malin que lui, et qu’il l’avait cuisiné à la marmite à son tour.
Le menteur vécut une existence longue, mais rendue difficile par ses lourdes dettes immobilières. Le loup, quant à lui, demeura un incompris dans la région.
On raconte cependant que le loup solitaire passa sa vie à voyager à travers le monde, et qu’il trouva apaisement et satisfaction dans son propre cœur…
(52 micronouvelles en 2018 – 15/52 – série : microfables)