Céline referma sa trousse de toilette, la posa dans sa valise et fit le tour de la chambre d’un regard. Elle referma son bagage, saisit sa veste et verrouilla la porte derrière elle. Sa cible avait été repérée à deux heures d’ici, dans une gare routière. Vu l’heure, il y passerait la nuit. Après trois semaines de traque, il était temps de ramener le fugitif au centre de détention. Avec un peu de chance, elle serait rentrée à temps pour fêter l’anniversaire de son père malade.
Après avoir rendu la chambre, Céline fourra sa valise dans le coffre de la voiture, vérifia son arme de poing et la fixa à la ceinture. Elle sortit les clés et démarra. Ignorant les rappels de limitation de son GPS, elle fonça pied au plancher jusqu’à la gare routière. Arrivée à quelques centaines de mètres du lieu où dormait son fugitif, elle se gara en retrait et termina le chemin à pied.
Elle fit le tour de la petite gare et jeta un œil à l’intérieur. Il ne dormait pas. Le ticket sur les genoux, il jetait des regards inquiets sur le moniteur des départs. Son bus partait dans moins de trente minutes. Elle saisit une barre de fer, bloqua la sortie d’urgence et montra son badge à l’agent de sécurité en plaçant l’index sur sa bouche. L’homme hocha la tête en silence.
Céline entra dans la salle. Depuis le temps qu’il était en cavale, le fugitif devait disposer d’un sixième sens car il bondit sur ses pieds avant même qu’elle ne s’approche, et fila vers la sortie de secours. Bloquée. Derrière eux, l’agent de sécurité faisait sortir les trois autres passagers du petit hall. Céline braqua son pistolet sur le détenu :
— C’est fini, Charles. Vous retournez en prison.
— Mais je suis innocent ! Écoutez moi…
Un homme accusé à tort par une corporation toute puissante, ses enfants assassinés sous ses yeux, sa volonté de découvrir la vérité et faire tomber les véritables meurtriers. Céline aurait pu s’embarquer dans une aventure bourrée de dangers pour une quête de vérité et de justice.
Mais, campée sur ses jambes, le pistolet tendu vers Charles, l’autre main placée sous la crosse de son arme, elle garda le regard solidement planté dans les yeux du fugitif.
— Ça m’est égal, se contenta-t-elle de répondre.
Trois heures plus tard, le fugitif était réincarcéré, avec la promesse d’un allongement significatif de sa peine. Deux jours plus tard, il fut retrouvé pendu dans sa cellule, pendant que Céline fêtait avec sa famille le dernier anniversaire de son père mourant.
(Writober jour 23)
(52 micronouvelles en 2018 – 42/52 – série : élément déclencheur)