Aujourd’hui, on revient au minimalisme avec une question centrale et parfois paradoxale : la valeur accordée aux objets dans un mode de vie plus simple et épuré.

Les Japonais et le respect de l’objet

Au Japon, j’ai été fascinée par la manière dont les objets sont utilisés pour sublimer les actions quotidiennes en toute simplicité. De jolis plats dépareillés mais harmonieux pour servir le repas, un vase tout simple pour y arranger une seule fleur, quelques décorations de saison au creux de l’alcôve traditionnelle tokonoma

Que ce soit à travers l’étude de leur culture ou les moments ordinaires que j’ai observés en vivant à Tôkyô, j’ai ressenti l’impression d’un profond respect des Japonais envers les objets qui les entourent. Un respect pour le travail des personnes qui l’ont conçu et fabriqué, un sentiment d’appréciation pour ce que cet objet apporte à leur quotidien…

Et ceci en toute simplicité. Au Japon, les objets de grand maître paraissent tout aussi simples et humbles que n’importe quel autre. Une tasse de cérémonie du thé par exemple, gardera des formes épurées et une couleur discrète, même si sa valeur et la renommée du maître qui l’a fabriquée est inestimable. Même dans les objets du quotidien, il existe un sens de l’épure, un habile mélange de forme, de fonction et d’esthétique qui montre la place de ces objets dans cette culture.

L’enseigne Muji par exemple, implantée en Europe, montre bien l’essence de cette simplicité esthétique et utile des Japonais. Cette philosophie se retrouve aussi dans leurs légendes traditionnelles. Par exemple, on dit qu’un objet délaissé se transforme en Yôkai, un esprit venu se venger de ce manque de soin. Ou encore, des consultantes en rangement japonaises comme Marie Kondo ou Hideko Yamashita abordent les objets sous cet angle du respect lorsqu’elles suggèrent de le toucher, de créer du lien avec ce que l’on trie, ou encore de remercier un objet dont on se sépare pour tout ce qu’il a apporté.

C’est donc de cette notion de respect de l’objet que je vais parler plus en détail aujourd’hui, ou, dit autrement, la valeur saine que l’on confère à nos possessions dans une vie plus simple et sereine dans le monde moderne.

Donner une valeur saine à nos objets

Il y a une certaine contradiction apparente entre le fait de moins acheter et moins donner d’énergie et de temps à acheter et entretenir des objets, et le fait d’accorder davantage de valeur à ce qu’on a autour de nous.

Si un mode de vie plus simple vise à vivre avec moins d’objets, et à s’en détacher parce qu’ils ne comblent pas les besoins humains (d’amour, de reconnaissance, etc.), que veut dire « leur accorder plus de valeur »?

Une société d’acquisition

Une première chose intéressante à considérer, c’est que la société de consommation ne nous encourage pas tellement à profiter de ce qu’on a. Ce n’est pas vraiment une société matérialiste. Ce que veut le consumérisme, c’est que l’on achète de nouvelles choses. Le point de concentration est sur les objets futurs et leurs fausses promesses, et non pas sur ce que nous avons maintenant. Au contraire, pour avoir envie d’acheter quelque chose de nouveau, il faut entretenir une certaine lassitude ou insatisfaction pour ce qu’on possède déjà.

Dans une vie plus simple, l’idée serait au contraire de se focaliser sur les objets que l’on a déjà, savoir les respecter, cultiver l’appréciation et les laisser améliorer notre vie.

Mais reconnaître qu’ils améliorent notre vie dans certains aspects, mais pas au-delà de leur utilité d’objet. Par exemple, je peux apprécier ma tasse de thé parce qu’elle garde mon breuvage préféré bien au chaud, et elle est jolie donc elle satisfait un certain besoin de beau dans mon quotidien. Mais une tasse de thé ne comblera jamais des besoins émotionnels comme l’amour, l’appartenance, la confiance en moi, le bonheur etc.

Quelque part, il s’agit de remettre l’objet à sa juste place.

La juste place d’un objet

Je vous invite à vous poser la question suivante : quelle est, pour vous, la juste place des objets dans votre vie? Je pense que la réponse change en fonction de nos valeurs, priorités, envies et conditions de vie. Pour moi, l’essentiel est avant tout de se poser la question, plutôt que de tomber dans le cercle vicieux de l’acquisition de nouveaux objets dans lequel la société de consommation nous entraîne.

Pour vous donner une idée, voici quelques éléments qui concernent la juste place des objets dans ma vie :

  • Reconnaître le travail et les ressources utilisées pour le fabriquer
  • En prendre soin, le réparer, profiter de l’objet – apprendre à avoir de la gratitude pour avoir cet objet et être content de l’utiliser tout au long de sa durée de vie et pas juste pendant les jours qui suivent l’achat avant de passer à autre chose.
  • Avoir des objets pour leur utilité à eux, et non pas comme représentation de besoins émotionnels etc. ie avoir une marque pour l’image, pour montrer son identité etc.
  • Choisir les objets en fonction de besoins internes : les objets servent notre vie à nous, et pas l’inverse; et ils sont pour nous, et pas pour plaire aux autres ou correspondre aux standards des autres
  • Et en même temps, ne pas accorder trop d’importance aux objets dans le sens où c’est du matériel. Ça sert à se simplifier la vie, passer de bons moments etc., mais ce n’est qu’un moyen, comme l’argent. Donc si tel objet est perdu ou cassé, ce n’est pas grave, j’en trouverai un autre. Il m’a été bien utile et j’en ai bien pris soin et il a servi son office mais ce n’est pas la mort si je le perds. C’est là qu’on rejoint cette notion japonaise de remercier l’objet avant de s’en séparer.

Et vous, quelle serait la juste place des objets dans votre vie plus simple et sereine dans le monde moderne?

Ressource du jour

Simplifier notre vie et épurer notre environnement des objets inutiles pour apprécier ceux qui restent, c’est une forme de retour à l’essentiel. Et cet essentiel porte une définition distincte pour chacun(e) d’entre nous. Si vous avez envie d’approfondir ce qu’est votre essentiel, je vous conseille la lecture de l’Art de l’essentiel, par Dominique Loreau.

Si vous avez déjà lu d’autres de ses ouvrages, certaines notions vous seront sûrement familières, mais cette lecture est un bon point de départ pour réfléchir à ce qui compte vraiment pour nous, et comment intégrer les objets en notre possession dans cet essentiel qui nous est propre.

Ressources mentionnées au fil de l’émission

  • Livre : Marie Kondo, La magie du rangement
  • Livre : Hideko Yamashita : Danshari, l’art du rangement
  • Livre : Ken Mogi, Le petit livre de l’Ikigai

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En 2019, les émissions seront publiées le premier mercredi de chaque mois. Je vous retrouve donc le 6 février prochain pour l’émission suivante ! En attendant, merci de votre présence ici et à bientôt.

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