Dans les différentes lectures et ressources que j’apprends en ce moment, j’ai repéré un concept récurrent, expliqué de manière différente en fonction de la source.
C’est à la fois simple à comprendre et très dur à mettre en place : comprendre que notre expérience de vie, et par extension notre satisfaction de la situation actuelle, dépend non pas de la réalité en elle-même, mais de la manière dont on l’interprète.
Listen to “050 | État d'esprit” on Spreaker.C’est un concept que l’on retrouve dans la philosophie antique, notamment les pensées pour soi de Marc Aurèle, que l’ai lu le mois dernier. Si je schématise mon interprétation des choses, il existe notamment le concept de la “Fortune”, dans le sens du hasard, sur lequel nous n’avons aucune prise. Il est en revanche de notre ressort d’utiliser notre capacité de raisonnement pour accepter les revers de fortune et prendre des décisions sages pour nous-mêmes (et la Cité. Après tout Marc Aurèle était empereur de Rome).
Dans une autre partie du monde, d’après Don Miguel Ruiz dans le livre “les quatre accords toltèques”, les sages aztèques recommandaient, eux, d’être en paix avec nos propres actions (que ta parole soit impeccable et fais de ton mieux). Mais de ne pas se laisser manger par les circonstances extérieures face auxquelles on ne peut rien (ne le prends pas personnellement, ne fais pas de suppositions).
Plus récemment, des influenceurs modernes comme Byron Katie ou Brooke Castillo parlent de cesser de lutter contre la réalité, mais plutôt de travailler sur ses propres pensées pour accepter ce qui est, et agir au mieux pour améliorer notre vie.
Enfin, dans le livre “Choisir l’optimisme”, Shawn Achor propose clairement d’identifier diverses interprétations possibles d’une même situation pour choisir celle qui vous sera la plus utile pour aller vers la vie que vous souhaitez.
La différence entre réalité et perception
L’essence que je distingue dans ces différentes sources, c’est la notion de réalité d’un côté, et de l’interprétation que l’on en fait de l’autre. Il peut se passer exactement le même événement, mais chacun des témoins va l’interpréter de manière différente. Par exemple, imaginons que dans deux cultures différentes, le même geste de la main signifie bonjour chez l’un, connard chez l’autre. La réalité, c’est un être humain qui fait un geste de la main. L’interprétation, dans la première culture sera “il me salue”, et dans la seconde sera “il m’insulte”. Alors que la réalité, le geste de la main, est exactement le même.
Il y a d’un côté les faits, ce qui se passe. Et il y a de l’autre, le sens qu’on décide de leur donner. On leur donne du sens en fonction de notre culture (comme le signe de la main de l’exemple au-dessus), mais aussi en fonction de notre éducation, nos valeurs, notre humeur…
Par exemple, je ne sais pas vous, mais moi, quand je suis de mauvaise humeur, je vois des problèmes et des signes agressifs partout. Alors que quand je suis de bonne humeur, je vois des jolies choses et des signes encourageants autour de moi. Pourtant, la réalité objective qui m’entoure est la même. Mais mon humeur va colorer ces faits, leur donner un sens différent.
Confondre réalité et interprétation
Je pense que la distinction est assez facile à comprendre en théorie. Le problème se situe plutôt dans la pratique : bien souvent, nous interprétons la réalité de manière automatique et inconsciente. Et nous pensons sincèrement que notre interprétation EST la réalité, la seule possible, la vérité immuable. Il est très difficile, au quotidien, d’être capable de prendre du recul.
C’est de là que naissent beaucoup d’incompréhensions et de soucis de communication entre les êtres humains, d’ailleurs. Chacun d’entre nous pense détenir la vérité, et nous n’avons même pas conscience que la personne en face voit simplement la même réalité sous un autre angle, mais pense avoir tout autant raison que soi-même.
Apprendre à faire la distinction
Je ne vais pas parler de communication interpersonnelle dans cet article. J’aimerais d’abord introduire cette idée : si nous sommes capables de faire la différence entre les faits et l’interprétation que l’on en a, cela peut changer la vie. Pourquoi? Parce qu’en prenant conscience que notre vision des choses n’en est qu’une parmi d’autres, on peut déjà prendre conscience des autres interprétations possibles de la réalité. Puis, comme le propose Shawn Achor, on peut alors choisir l’interprétation qui nous convient le mieux.
Mais la première étape serait alors d’apprendre à distinguer les faits de nos pensées à leur propos. Brooke Castillo propose une distinction très simple : les faits (qu’elle appelle les “circonstances”) sont neutres. Ils ne sont pas colorés de jugement ou d’émotions. Et ils peuvent être prouvés dans une cour de justice.
Nos pensées, c’est tout le reste. Le jugement qu’on porte sur les faits, nos suppositions, ce qu’on pense être “bien” ou “mal”, etc.
Apprendre à faire cette distinction est, à mon sens, une compétence vraiment puissante, parce que cela aide à devenir davantage lucide sur nos propres pensées. Et ça permet ensuite de remettre en question nos jugements. Parce que bien souvent, ce que nous pensons est hérité de sagesse conventionelle ou de “vérités” qu’on nous a apprises mais que l’on n’a jamais vérifiées par soi-même.
Et peut-être bien que notre interprétation actuelle du monde nous induit en erreur, ne convient pas à nos valeurs profondes, et ne nous mène pas vers la vie qui nous correspond. Prendre conscience de cela est, finalement, le premier pas vers une pensée indépendante, vers l’usage de la raison que prônent les stoïciens, pour enfin penser par nous-mêmes. Et penser par soi-même, c’est le premier pas vers une vie plus en accord avec soi-même, et donc meilleure.
Les pensées façonnent notre état d’esprit
Je vais terminer cet article introductif en expliquant pourquoi je pense que la pensée indépendante permet une vie meilleure. C’est, encore une fois, assez facile à comprendre, je pense, mais difficile à appliquer dans notre vie. En gros, la manière dont on interprète notre réalité va façonner un état d’esprit global dans lequel on se trouve.
Par exemple, si on pense qu’on a eu une chance infinie de décrocher ce job, qu’on vit dans l’abondance et qu’on peut apprendre et progresser, on va être dans un bien meilleur état d’esprit au travail que si on se sent injustement parqué dans un poste sans intérêt, pas assez bien payé et sans avenir.
Certes, les circonstances réelles du poste vont influer sur l’interprétation qu’on en a. Mais il est tout à fait possible que deux personnes embauchées dans le même poste exactement aient ces visions diamétralement opposées de leur situation. Parce que tout dépend de l’état d’esprit. Notre cerveau aime avoir raison. Ainsi, il cherche des confirmations de ce qu’on pense déjà. L’employé qui se croit chanceux va chercher des indices de la chance qu’il a d’avoir ce job. Et l’employé qui pense sa situation injuste va chercher des indices qui prouvent cette injustice. Les deux sortes d’indices existent objectivement dans leur réalité, mais le cerveau ne choisit d’en voir qu’un des deux. Et ça, c’est ce qui fait la différence entre une personne heureuse et une personne aigrie.
Ressources mentionnées
- Podcast : Good life project (anglais)
- Podcast : The life coach school podcast (anglais)
C’est un vaste sujet, un peu philosophique, que j’ai voulu aborder aujourd’hui. J’espère que cette introduction assez large vous a tout de même été utile. Si vous avez des questions ou réactions, n’hésitez pas à les partager en commentaire ! En attendant, je vous souhaite une excellente journée, une bonne soirée, et à la prochaine !
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