Ma vision de l’introspection, c’est que finalement, c’est une démarche qui nous permet de devenir nous-mêmes. Le but n’est pas de se développer, ou de devenir “la meilleure version de soi”, mais vraiment de se reconnecter avec l’humain authentique que nous sommes. Mais que veut dire “être soi-même”?

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En complément de la Bulle, voici quelques pistes pour vous reconnecter avec vous-même en vous écoutant, tout simplement.

Laisser la place à votre “petite voix”

Qu’est-ce que “la petite voix”? Vous pouvez lui donner le nom que vous souhaitez en fonction de votre sensibilité : la conscience de soi, l’intuition, les tripes, l’âme, la voix intérieure…

Je suis intimement persuadée qu’au fond de nous-mêmes, nous savons quelles sont nos valeurs, nos priorités, nos envies. Nous savons où va notre curiosité. Mais avec l’âge, cette voix est “noyée” dans les règles sociales, ce qu’on nous apprend, ce que les autres enfants nous renvoient, ce que nos parents nous apprennent, etc. Et on peut se retrouver à l’âge adulte à ne plus savoir où aller, parce que nous n’écoutons plus notre petite voix. On ne s’écoute plus soi-même.

Choisir de s’écouter à nouveau

C’est ce qui m’est arrivé en 2016, lorsque j’ai décidé de quitter mon emploi. Après plus de cinq ans d’études et six ans de carrière en entreprise, je me suis réveillée un matin en me demandant ce que je faisais là, et pourquoi mes décisions m’avaient amenée en ce lieu qui ne me correspondait pas du tout. L’une des réponses que j’ai trouvées à cette question au fil des semaines, c’est que j’avais arrêté de m’écouter. J’avais fini par suivre le chemin de la réussite et de l’accomplissement tel que dicté par la société, plutôt que d’écouter mon intuition.

C’est ainsi que j’ai commencé à me tourner vers différentes méthodes pour apprendre à m’écouter de manière plus intentionnelle et consciente. Écouter ma petite voix au-delà de la peur, des normes sociales, des croyances limitantes, etc. Ce n’est pas toujours simple, et c’est encore plus difficile de mettre en action ce que je découvre. Mais la première étape, c’est déjà de savoir un peu mieux qui je suis et ce que je veux.

Ce que j’ai envie de vous proposer aujourd’hui, c’est des pistes pour faire de la place, vous aussi, à votre petite voix, et apprendre à l’écouter dans votre quotidien tel qu’il est aujourd’hui.

Pratiquer la pleine conscience

Ce qu’on appelle la pleine conscience, c’est s’entraîner à être complètement présent au moment que nous vivons. En d’autres termes, se focaliser sur nos cinq sens et sur l’expérience que l’on est en train de vivre en ce moment, plutôt que de se perdre dans notre mental. Selon la recherche, notamment de Daniel Gilbert, nous serions plus heureux quand nous sommes présents à notre expérience de vie que dans notre mental, même si nos pensées sont positives.

Au-delà de la question du bien-être, c’est en étant présent à ce que l’on vit qu’on peut prendre conscience des pensées et émotions que cela génère. La pleine conscience, ce n’est pas seulement savourer un bon repas ou un coucher de soleil. C’est aussi se rendre compte que certaines actions nous mettent mal à l’aise, ou que certaines situations créent des émotions négatives.

Ce que je vous propose aujourd’hui, c’est d’apprendre aussi à ressentir ces émotions inconfortables, et de prendre le temps, au fur et à mesure, de comprendre d’où elles viennent vraiment. Nous avons l’habitude de chasser ce type de ressentis, de l’enfouir sous des plaisirs immédiats ou des distractions. Ma théorie, c’est que c’est en apprenant à remonter le fil de pourquoi vous êtes mal à l’aise à ce moment-là que vous pourrez remonter jusqu’à des conflits de valeurs ou de priorités par exemple, et ainsi commencer à dessiner le contour de ce qui compte vraiment pour vous.

Exercices de pleine conscience

La pratique la plus simple, c’est de continuer ce que vous êtes en train de faire, mais en vous concentrant sur vos gestes, vos sens, les couleurs qui vous entourent, les odeurs, les sensations contre votre peau… En vous focalisant sur vos sens, cela permet de s’éloigner du mental pendant quelques secondes. Bien souvent, les pensées reprennent vite le dessus. C’est normal et l’idée n’est pas d’être présent tout le temps ou pendant une longue période ininterrompue.

Par exemple, vous pouvez commencer en vous disant d’être en pleine conscience quand vous vous lavez les dents, ou quand vous attendez que le thé soit infusé. Ce sont des périodes assez courtes, et suffisamment régulières pour ancrer la pratique.

Une autre pratique qui aide à ramener notre conscience au présent, ce sont les différentes formes de méditation. Au lieu de continuer vos activités, vous prenez du temps pour ne faire que l’exercice de pleine conscience. Assis(e) confortablement, vous prêtez attention à votre souffle, vos sens etc. pendant quelques minutes. Il existe aussi des méditations guidées, dont certaines sont gratuites. J’utilise Petit Bambou, qui coûte une cinquantaine d’euros à l’année.

Quel que soit le type de pleine conscience que vous pouvez choisir, l’idée n’est pas de “chasser” les pensées ou de “taire” le cerveau. Je ne sais pas pour vous, mais moi, je suis incapable d’arrêter de penser. Le but n’est pas de faire le silence dans le mental, mais de laisser passer les pensées sans s’embarquer avec. Ainsi, en pleine conscience, les pensées vont arriver quand même, et l’idée est de les observer comme vous observez votre vue, toucher ou odorat. Vous devenez un observateur de votre conversation mentale, mais elle ne s’arrête pas pour autant.

Au contraire, l’idée est que grâce à la pleine conscience, au fil du temps, vous preniez conscience de certaines pensées qui vous traversent l’esprit : c’est ainsi que la pratique aide à s’écouter soi-même.

Écrire un flot de pensée

Une autre technique qui aide à s’écouter, c’est de pratiquer le journal libre, ou flot de pensées. Julia Cameron l’appelle “les pages du matin” dans son livre Libérez votre créativité. Le concept, c’est de prendre une feuille de papier (ou une app de prise de notes si vous préférez le numérique) et d’écrire tout ce qui vous passe par la tête. Si rien ne vient, écrivez que rien ne vous vient. À force d’écrire, les idées se libèrent.

Vous pouvez choisir d’écrire pour un temps donné, par exemple cinq minutes (j’aime utiliser mes petits sabliers pour ce type d’exercice). Ou bien vous pouvez choisir une longueur de texte, par exemple trois pages. L’idée de cette contrainte arbitraire, c’est que ça vous laisse le temps d’écrire suffisamment pour libérer les vannes et faire sortir ce qui vous flotte dans la tête de manière plus ou moins consciente. Quelque part, c’est la “petite voix” qui ressort au bout d’un moment.

Un autre point, c’est que ces pages ne sont pas faites pour être lues par d’autres. Donc l’idée est de ne pas se mettre de pression sur la mise en page, la qualité de l’écriture ou même l’orthographe et la grammaire. Peu importe la forme, ce qui compte est de laisser ce flot de pensées couler sur la page. Julia Cameron conseille de ne pas se relire tout de suite pour éviter de se juger. À vous de voir comment vous voulez aborder cette partie. Souvent, on prend conscience de certaines choses en écrivant : personnellement, je n’ai jamais ressenti le besoin de relire ce que j’avais écrit après coup.

Si l’écriture n’est pas votre truc, vous pouvez aussi tenter le même exercice en vous enregistrant à l’oral par exemple.

Ressentir les émotions

Lorsqu’une situation génère des émotions désagréables, bien souvent, nous tentons de les éviter. Par exemple en les muselant, ou bien en se distrayant avec autre chose (manger, acheter des trucs, aller sur les réseaux sociaux…) ou en essayant de les chasser. Finalement, combien d’entre nous prenons vraiment le temps de ressentir l’émotion? C’est à dire l’écouter, la laisser se déployer dans notre corps et la ressentir vraiment.

La ressentir ne signifie pas agir impulsivement : par exemple, si vous avez l’habitude de vous jeter sur un paquet de gâteaux quand vous n’êtes pas bien, ressentir l’émotion ne veut pas dire se jeter sur le paquet de gâteaux. Au contraire, manger est une stratégie d’évitement. Ce que je vous propose de faire, c’est assez proche de la pleine conscience finalement : quand l’émotion négative arrive, au lieu de réagir tout de suite, ressentez-la pleinement dans votre corps.

Suivre ainsi l’aiguillage de l’émotion peut aider, à mesure qu’on s’améliore dans cette pratique, à remonter jusqu’au pourquoi de cette émotion, la pensée qui l’a générée. Et en découvrant ce qui nous fait nous sentir mal, on peut remonter jusqu’à des valeurs contrariées par exemple.

Alors je ne vous cacherai pas que c’est un exercice que je trouve particulièrement difficile. Personnellement, j’ai passé ma vie à éviter et taire mes émotions. Du coup, apprendre à les ressentir sans rien faire d’autre, je trouve ça compliqué. Mais depuis quelques mois que je pratique, j’ai déjà remarqué une amélioration : je constate consciemment quand une émotion me donne envie de manger sucré par exemple, et j’arrive de mieux en mieux à en identifier les causes.

Pour terminer, je vous dirais de vous écouter dans le choix de ces pratiques : par exemple, certaines personnes ne sont pas du tout sensibles à la méditation, et d’autres vont accrocher tout de suite. Si l’idée vous intéresse, je vous invite à tester voir ce qui vous convient, combiner certaines pratiques, voire même à vous inspirer de ces pistes pour trouver vos propres manières de vous écouter. Tout ce que j’ai envie de vous conseiller, c’est d’intégrer une pratique de ce type de manière régulière dans votre vie, pour entraîner le muscle de l’écoute de soi.

J’espère que cette exploration sur l’écoute de votre petite voix vous a plu. Si vous avez d’autres idées ou pratiques qui vous aident à vous écouter, n’hésitez pas à les partager en commentaire ci-dessous ou sur les réseaux sociaux. Merci infiniment de m’avoir lue jusque là, et je vous souhaite une merveilleuse journée et une superbe soirée !

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