Qu’est-ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue ? Bien sûr on trouve une myriade de raisons, ces petites choses du quotidien ; un sourire, un rayon de soleil, l’odeur du café grillé ou le son de la pluie battant contre les vitres.
Mais la somme de ces moments ordinaires suffit-elle à fournir un sentiment d’accomplissement et d’épanouissement à long terme ? À donner une raison d’être, un sens à nos vies ?
Quand je parle de but ici, il ne s’agit pas d’objectifs chiffrés, de productivité ou de rentabilité de notre temps de vie. Je parle plutôt de ce que l’on a envie de construire au fil de l’existence, ce qui nous motive, nous donne envie de nous lever chaque matin. Ce qui nous fait vibrer ; ce qu’Elizabeth Gilbert appelle « notre maison ». Notre raison d’être.
Le sens, c’est à la fois la signification et la direction. Pourquoi être vivant, quel est l’intérêt de ma vie, sa signification ? Quelle direction ai-je envie de lui donner ?
Une vie par défaut
C’est cette seconde question qui est capitale, qui explique pourquoi se trouver un but est si important. Sans but, nous vivons une vie par défaut, nous suivons le courant sans prendre le gouvernail de notre propre navire.
Nous suivons les recommandations de notre entourage, de la société. Nous faisons les études pour lesquelles nous avons été retenu(e)s, ou bien on suit le métier de nos parents. Nous construisons une carrière autour du premier emploi qui a bien voulu de nous.
Cette vie par défaut a été la mienne pendant des années, lorsque je me suis rendu compte que je ne pourrais pas devenir professeur de japonais en France à cause du manque de postes. J’ai fait un master de management et communication parce que, de tous les masters où j’ai posé un dossier, ce fut le seul qui m’accepta sans devoir tout reprendre à zéro. Je me suis retrouvée dans une carrière de communication à orientation relations publiques parce que ce fut le premier stage qui m’a acceptée.
J’ai apprécié mes deux années d’études en communication, et certaines matières m’ont vraiment plu. De même pour ma carrière, j’ai appris beaucoup de choses, fait de belles rencontres et constitué des souvenirs qui m’ont forgée et me suivront avec le temps. Mais jamais la communication ou les relations publiques ne m’ont fait vibrer au plus profond de moi. C’est une voie que j’ai suivie par défaut, en fonction des endroits où j’ai été acceptée.
Et pendant ce temps, je mettais mon envie d’écrire, qui hurlait à la lisière de mon inconscient, en sourdine. Simplement en ne l’écoutant pas. En ne faisant rien. En ne réfléchissant pas au but que je voulais me fixer, moi, dans la vie.
Qu’est-ce qui vous intéresse ?
Alors vous me direz peut-être que vous, vous n’êtes pas écrivain. Pas créatrice. Vous n’avez pas de but parce qu’aucune passion ne domine, rien ne vous appelle. En êtes-vous sûr(e) ? Avez vous fouillé les tréfonds de votre âme pour en ressortir votre perle à vous ?
Serge Marquis, qui travaille avec des retraités pour les aider à trouver un sens après la fin de leur carrière, pose les questions suivantes :
Qu’est-ce qui vous intéresse dans la vie ? Et si vous me répondez « rien », alors je vais vous demander : qu’est-ce qui vous a intéressé dans la vie ? Dans votre enfance par exemple ?
Souvent, en réfléchissant à la question de cette manière, on retrouve des intérêts perdus, des loisirs ou des envies oubliées par trop d’années passées à voguer passivement à travers une vie par défaut, oubliant même qu’il existe un gouvernail sur le navire de notre existence.
Cela étant dit, il est vrai que tous et toutes n’ont pas forcément un seul intérêt, un élément qui ressort et brille de manière plus puissante que tout le reste, comme c’est le cas de l’écriture pour moi. Certaines personnes sont éclectiques et c’est très bien ainsi ! Mais j’ai du mal à croire qu’en prenant le temps de bien y réfléchir, on ne trouve pas un seul centre d’intérêt à dépoussiérer ou découvrir.
Trouver un but
C’est une fois ce travail d’introspection accompli que l’on peut commencer à se définir un ou plusieurs buts dans la vie. Des éléments de réponse à la question « qu’est-ce qui fait que la vie mérite d’être vécue ? » ou bien à la question « à quoi bon ? ».
Ce que j’appelle ici le « but » de la vie est presque instinctif, c’est un ou plusieurs éléments essentiels à notre âme : quelque chose qui nous nourrit de l’intérieur, qui nous donne envie de se lever le matin, d’apprendre, de grandir, de diriger notre énergie vers quelque chose de plus grand que nous-même.
D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que l’auteur Hal Elrod, dans son livre Miracle Morning, consacre tout un passage sur l’importance de se trouver un but. Pour lui, lorsque vous avez un but précis dans la vie, un objectif ou un projet qui vous tient à cœur et auquel vous avez envie de consacrer de l’énergie, alors il devient beaucoup plus facile de se lever le matin. Vous avez hâte de commencer la journée en travaillant, jour après jour, à accomplir chaque étape qui vous mènera à ce but.
Par exemple, le but principal dans ma vie est de faire vivre ma plume d’autrice, créer ces univers qui peuplent mon imagination, améliorer mon style d’écriture, conter des histoires et les faire lire, que ce soit à des amis ou à des inconnus.
Et ce n’est pas le seul. Apprendre sur l’épanouissement personnel et faire passer le message, aider d’autres à évoluer comme on m’a aidée. Apporter ma voix et mon énergie à un mouvement pour sortir du conditionnement de la société, penser par nous-mêmes, reprendre nos vies en main et contribuer, devenir le changement que l’on veut voir dans le monde. Pour moi, pour vous, pour nos enfants.
Il existe une myriade de buts possibles, dont certains n’ont rien à voir avec l’activité artistique ou l’engagement social. L’important, c’est qu’une fois que vous avez trouvé ce qui vous fait vibrer, votre vie prend une nouvelle signification, et vous savez dans quelle direction vous orienter.
L’impact sur le reste de votre vie
Tout est progressif, bien sûr. Lorsque vous avez un but, souvent les premières étapes sont tout à fait compatibles avec la vie telle que vous la menez aujourd’hui. Simplement, vous commencez à prendre du temps pour accomplir ce qui vous intéresse chaque jour.
Mais l’impact à long terme, pour moi, c’est que ce but, cette essence, constitue une boussole interne pour de nombreux choix de vie, petits et grands. C’est la petite voix qui va me dire que je préfère rester à la maison pour écrire plutôt que d’aller au centre commercial ce samedi. C’est aussi celle qui m’a dit de quitter mon emploi chronophage et de trouver une autre solution pour gagner de l’argent tout en ayant le temps d’écrire.
De la plus petite à la plus grande décision, avoir un but dans la vie, une raison d’être, redéfinit les priorités. Vous reprenez le gouvernail de votre navire. Et, au lieu de vivre par défaut, de manière passive, vous vivez avec une intention, des priorités qui vous sont propres au lieu d’être celles qui vous ont été dictées par la société, l’environnement ou les opportunités passées.
Nous sommes ce que nous répétons chaque jour, disait Aristote. Avez-vous envie de répéter chaque jour des actions par défaut, ou bien avez-vous envie de trouver votre but, votre essence, votre raison d’être, puis de faire les efforts quotidiens pour arriver, au fil des jours, des mois, des années, à accomplir de belles choses ?
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