Prononcé “Ikigaï”, ce concept nous vient du Japon et fait fureur dans le domaine du développement personnel en ce moment. D’abord venu de recherches autour de la célèbre longévité des habitants de l’archipel d’Okinawa, l’Ikigai a donné lieu à des réflexions sur le sens de la vie à travers plusieurs ouvrages, dont deux qui viennent de paraître en français.
J’en ai lu un, que j’ai commenté récemment en podcast, et je me suis dit que le concept méritait un développement supplémentaire à l’écrit.
D’où vient l’Ikigai?
Ce mot vient de l’archipel d’Okinawa, au Japon, et signifie littéralement “qui mérite de” et “vivre” : c’est-à-dire votre raison d’être, ce qui vous fait vous lever le matin. En étudiant les raisons de la forte longévité des habitants d’Okinawa, plusieurs études ont noté que cet Ikigai en faisait partie, comme l’explique ce TED talk.
En gros, si vous savez pourquoi vous vous levez le matin, vous avez des chances de vivre plus longtemps. L’Ikigai peut venir de toutes sortes de source, du travail à la création artistique en passant par la famille ou l’implication dans une communauté.
Ce qui est intéressant, c’est que le fait de se sentir “en Ikigai”, pour ainsi dire, ne vient pas des circonstances extérieures : ce n’est pas une question d’argent par exemple. C’est un sentiment qui survient naturellement lorsque vous êtes à votre juste place dans votre vie.
Les quatre cercles de l’Ikigai
C’est là qu’interviennent les livres de développement personnel : si l’Ikigai ne vient pas des circonstances extérieures mais de nous-mêmes, le premier pas est donc de découvrir quelles sont les activités qui nous donnent une raison de vivre.
Parce qu’il n’y en a pas qu’une : plusieurs éléments peuvent constituer une source d’Ikigai. Au contraire, il serait malavisé, selon certaines sources, de ne laisser reposer votre raison d’être que sur un élément de votre vie : si cet élément s’effondre, vous n’avez rien d’autre pour compenser et garder un sentiment global d’Ikigai.
Pour aider à trouver son Ikigai, un outil a été développé (si vous savez par qui, dites-moi, parce que je ne trouve pas la source initiale) autour de quatre cercles : les activités qui vous apportent de l’Ikigai se situeraient au centre, et donc rempliraient ces quatre conditions :
- Vous aimez les pratiquer
- Elles font appel à vos talents et compétences
- Elles apportent quelque chose au monde/correspondent à vos valeurs et convictions
- Elles apportent de la valeur à autrui, comblent un besoin précis d’une autre personne
Alors, comme vous pouvez le voir sur l’image que j’ai trouvée sur twitter, certains modèles parlent de ce pourquoi “vous pouvez être payé(e)”. Je ne suis pas sûre d’être d’accord avec cela, car ces centenaires d’Okinawa trouvent de l’Ikigai dans leur implication dans la communauté ou le temps passé avec leur petits-enfants, ce qui n’est pas rémunéré.
J’aurais tendance à adopter un point de vue plus large pour ce quatrième cercle : ce qui est utile pour autrui/est demandé par autrui. Cela dit, si vous cherchez à amener votre carrière vers des activités qui vous apportent un sentiment d’accomplissement, peut-être faut-il en effet être payé(e) pour cette activité, afin d’avoir le loisir d’y consacrer plus de temps.
Comment explorer ces quatre aspects de l’Ikigai?
Si le concept d’Ikigai vous intéresse, mais que vous ne savez pas par où commencer, peut-être pouvez-vous explorer des pistes autour de chacun de ces quatre cercles.
Ce que vous aimez
Pour qu’une activité vous fasse vous sentir à votre juste place, il faut que vous y preniez plaisir. L’idée n’est pas de chercher des activités qui ne sont jamais chiantes, cela n’existe pas. Il y a toujours des tâches pénibles à gérer, que ce soit dans le travail, la création ou les relations sociales.
L’idée est surtout de réfléchir à des types d’activités qui vous correspondent globalement, que vous prenez plaisir à apprendre, développer, qui sont en accord avec votre caractère et vos goûts.
Par exemple, l’un des éléments qui m’apportent de l’Ikigai est l’écriture. J’aime écrire et je prends plaisir à inventer des histoires, même si le processus contient des éléments pénibles (encaisser les critiques, corriger les textes…)
Ce qui exploite vos talents
On a davantage l’impression d’être utile et de progresser lorsque l’on pratique une activité qui fait appel à nos talents, nos compétences, notre expérience, ou encore nos forces de caractère personnelles (par exemple, une activité de soutien si vous avez beaucoup d’empathie, etc.). Là, l’idée est de trouver des activités qui sont en accord avec vous-même : vos compétences, vos talents, votre personnalité, mais aussi les domaines que vous avez envie d’apprendre à maîtriser. Cela vous donne un sentiment d’accomplissement, l’impression de grandir, de maîtriser quelque chose, de déployer vos forces et de vous rendre utile.
Par exemple, l’écriture est un talent que je continue à développer et qui exploite mon caractère introverti et introspectif.
Si on parle de carrière, faire un bilan de compétences par exemple peut être une bonne idée pour voir quels types d’activités correspondent à la fois à vos talents, votre expérience et votre personnalité.
Souvent, dans ce type de bilan, on vous fait faire des tests de personnalité comme le MBTI, ou on vous aide à discerner quelles sont vos forces de caractère personnelles. Si le sujet de vos forces personnelles vous intéresse, je vous conseille la lecture de “Power Patate” par Florence Servan-Schreiber. Ce livre se focalise justement sur l’idée d’identifier et d’exploiter vos propres forces.
Ce qui apporte de la valeur à autrui
Cela peut être ce pour quoi vous pouvez être payé(e) – et qui correspond donc à un besoin à satisfaire – ou simplement des activités où vous pouvez répondre à un besoin qu’une autre personne ne peut pas combler seule. Par exemple, tout ce qui est travail associatif et autre bénévolat peut entrer là-dedans.
C’est d’ailleurs pour cela que je n’aime pas trop l’idée d'”être payé” que l’on retrouve dans le diagramme de l’Ikigai. C’est très bien d’être payé(e) pour faire ce que l’on aime et ce que l’on sait faire, mais on peut aussi apporter de la valeur hors du cadre d’échange monétaire.
En gros là, l’idée est de se sentir utile, de mettre nos compétences au service d’une personne, d’un projet ou d’une entreprise qui a besoin de ce qu’on sait faire. C’est peut-être pour cela qu’il est difficile pour beaucoup d’écrivains de persévérer tant qu’ils ne sont pas lus et/ou publiés : on a l’impression que personne n’attend nos écrits.
Par exemple, je mets mes talents d’écriture au service d’une association pour la mixité dans le jeu vidéo, et je suis payée par des clients pour utiliser les techniques de narration dans leur communication (c’est ce qu’on appelle le storytelling).
Ce qui est en accord avec vos convictions
Ce quatrième cercle est intitulé “ce dont le monde a besoin” dans le diagramme, car il s’agit de “faire sa part” pour la société en général – faire des choses en accord avec vos valeurs et votre éthique, avoir l’impression de faire une différence, pas seulement pour la personne qui emploie vos talents, mais pour la société en général. On y retrouve les activités qui donnent du sens à la vie parce qu’elles sont en accord avec votre vision du monde, et la société dans laquelle vous avez envie de vivre.
Par exemple, le fait d’écrire de la fiction et de tout faire pour la publier et la faire lire correspond à mes valeurs d’apporter un bout de mon âme, de la culture et de la création dans un monde de consommation et de divertissement parfois sans âme. J’ai l’impression d’apporter quelque chose au monde avec mon écriture, même si ce n’est que la modeste vision d’un seul être humain. Dans le même “cercle”, mes engagements associatifs et mes activités autour de la simplicité et du slow me donnent l’impression de faire ma part à mon niveau.
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Voilà pour cette petite présentation de l’Ikigai et ses différents aspects. Et vous, avez-vous entendu parler d’Ikigai ? Comment comprenez-vous le concept et que faites-vous pour vivre “en Ikigai”? Si vous avez envie que j’écrive davantage d’articles sur le sujet, n’hésitez pas à me le dire.
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