Aujourd’hui, on se parle de minimalisme dans la garde-robe : l’industrie textile, pourquoi s’intéresser à la simplification de son armoire, mais aussi une technique de tri, le concept de garde-robes capsule, la notion d’image et de confiance en soi…
Pourquoi simplifier notre armoire ?
La garde-robe est l’un des premiers domaines où j’ai simplifié à partir de 2011 : parce que je ne me reconnaissais plus dans le miroir, mais aussi à cause d’une surconsommation de vêtements qui n’était pas en ligne avec mes valeurs. Que vous soyez homme ou femme, adepte de mode ou pas, je pense que ce serait intéressant de se pencher sur la question pour les raisons suivantes.
Vêtements et consommation
Le textile est une industrie où le consumérisme bat son plein — changements de mode alors que les vêtements sont encore mettable, nouveautés toutes les semaines sur les étals…
Conséquences : gaspillage des ressources naturelles, travailleurs pauvres exploités, plein de déchets de vêtements générés chaque année…
L’industrie textile cristallise à l’excès beaucoup de dérives de la société de consommation : de l’obsolescence programmée à l’éthique sociale en passant par l’environnement et, bien sûr, notre porte-monnaie.
Le vêtement comme symbole de statut social
Lorsque j’ai commencé à revoir ma propre garde-robe, j’ai fait un peu d’introspection et je me suis demandée ce qui s’est passé.
Une des réponses à cela, c’est que le vêtement est un symbole de statut social par excellence, un vecteur par lequel on donne une certaine image au monde. La ligne entre ce que l’objet devrait être (nous couvrir le corps et porter une tenue socialement adéquate) et ce qu’il devient (un symbole de goût, d’appartenance, de réussite, d’élégance…) est particulièrement ténue.
Le vêtement devient une expression de l’identité, en quelque sorte. Je n’ai rien contre le fait de s’exprimer à travers ce qu’on porte — c’est une forme de créativité que de jouer avec les formes et les couleurs et de se composer des tenues qui vous plaisent, si c’est un domaine qui vous plaît.
Mais dans mon cas, mon rapport au vêtement n’était pas une expression de mes goûts personnels ou de ma créativité. J’avais adopté une sorte d’uniforme, un déguisement pour me donner de la contenance et du sérieux alors que j’étais encore toute jeune et que j’entrais dans le monde du travail. Le vêtement devenait une carapace, un pansement face à des émotions humaines qu’aucun objet ne peut soulager : le manque de confiance en moi, la peur de ne pas être à la hauteur, l’envie d’être prise au sérieux, etc.
Lorsque j’ai simplifié ma garde-robe, j’ai viré tous ces vêtements qu’on m’avait dit qu’il « fallait » que je porte pour avoir l’air professionnelle, ou que j’avais achetés en tant que tampons émotionnels pour calmer les émotions désagréables que je ressentais, mais qui n’étaient ni pratiques, ni confortables, ni vraiment en accord avec mes goûts.
Le shopping comme tampon émotionnel
Ce qui rejoint un autre aspect du minimalisme que j’aime beaucoup : le fait que bien souvent, dans la société de consommation où la pub promet monts et merveilles si seulement on achète ceci ou cela, on achète des choses pour essayer de calmer des émotions, pour se sentir mieux.
C’est ce que certains coachs de vie comme Brooke Castillo ou Esther Taillifet appellent « les tampons émotionnels ».
Dans le cas des vêtements en particulier, tout tourne autour de l’apparence et de l’image au niveau de la communication des marques et des messages véhiculés dans la presse par exemple. Et une petite note, je pense que les hommes et les femmes sont concernés de la même manière par ces sujets aujourd’hui.
Le minimalisme en lien avec les vêtements passe, je pense, par une remise en question de l’image que nous avons de nous-mêmes, de l’image que l’on veut présenter à l’autre, et de toutes ces questions autour du rapport au corps, de la confiance en soi, etc. Et contrairement à ce que la pub veut nous faire croire, aucun vêtement, aussi luxueux soit-il, va combler un manque de confiance en soi.
Les bénéfices
Ce que j’ai constaté en suivant ce processus pour ma garde-robe, c’est que je me suis sentie beaucoup mieux dans ma peau par la suite. Parce que je n’étais plus déguisée, j’étais habillée en accord avec qui je suis tout en restant acceptable par rapport aux codes vestimentaires de mon travail par exemple. En portant des vêtements à la bonne taille et adaptés à ma morphologie, j’ai commencé à décomplexer autour de mon corps.
Ensuite, le bénéfice principal que ça m’a apporté, comme le minimalisme pour les objets en général, c’est que j’ai libéré de l’espace dans mon armoire, de l’argent, mais aussi de l’énergie mentale à ne plus penser aux vêtements à acheter, aux nouvelles collections de mes marques préférées et autres. Cette énergie mentale, j’ai pu la consacrer à traiter les soucis à la source – autour de la confiance en moi et l’envie d’être prise au sérieux par exemple – pour ensuite me diriger vers ce que j’ai envie de construire dans ma vie.
Comment simplifier votre garde-robe ?
Qu’attendez-vous de vos vêtements?
Maintenant qu’on a parlé du concept de simplifier la garde-robe, je vais vous présenter un peu les étapes concrètes si vous avez envie de mettre le nez dans votre armoire à votre tour.
La première question que je vous invite à vous poser est la suivante : qu’est-ce que je veux comme vêtements?
Quels sont les critères que vous avez envie d’établir pour les vêtements que vous allez porter au quotidien ? On parle bien là de critères personnels et propres à vos besoins et envies, et non pas de suivre des règles ou promesses dictées par d’autres.
- Quel est votre style de vie et quelles sont vos activités quotidiennes?
- Quel est le climat là où vous vivez?
- Quelles sont les contraintes vestimentaires de votre milieu social, professionnel etc.?
- Quels sont vos goûts et préférences par rapport à votre corps ?
- Quel est votre budget et combien avez-vous vraiment envie de consacrer aux vêtements par rapport à toutes les autres zones de votre vie qui nécessitent de l’argent?
- Quelles sont vos valeurs ? Aussi bien par rapport à la place des vêtements dans votre vie – ce sera différent si vous ressentez vraiment de la joie et exercez votre créativité en imaginant des tenues, que si les vêtements sont finalement essentiellement fonctionnels pour vous et que vous avez envie de consacrer votre énergie mentale à autre chose. Mais c’est aussi vos valeurs par rapport à la manière dont les vêtements sont fabriqués, par qui, dans quelles conditions éthiques et écologiques, etc.
Ce que je vous propose, c’est de vous poser toutes ces questions, et de vraiment définir des critères propres à votre vie pour choisir vos vêtements, au lieu de vous laisser influencer par la mode du moment, la pub, vos amis ou collègues, etc.
Une fois que vous avez cette liste de critères, gardez-la avec vous, car elle sera utile pour la phase de tri, puis par la suite lorsque vous allez décider d’acheter de nouveaux vêtements.
La phase de tri
Ensuite, armé de ces critères, vous pouvez commencer à trier votre garde-robe actuelle, et lister ce qu’il vous manque, s’il vous en manque. Dans le livre la magie du rangement, la japonaise Marie Kondo suggère de sortir tous vos vêtements par catégorie et de les rassembler au même endroit. Déjà, ça vous permet de voir combien vous en possédez vraiment.
Ensuite, elle propose de prendre le temps de les prendre en main, un par un, et de voir s’ils suscitent une « étincelle de joie ».
Personnellement, je prends le temps de les considérer individuellement, pour voir s’ils remplissent mes critères intrinsèques :
- Est-ce qu’il me va encore?
- Est-ce qu’il est en bon état ou réparable?
- Est-ce qu’il est facile à entretenir?
- Est-ce que je suis à l’aise (à la fois physiquement et par rapport à l’image qu’il renvoie) dedans?
Au niveau des valeurs éthiques et écologiques, je me pose surtout la question à l’achat. Pour trier ce que je possède déjà, je pars du principe que c’est toujours mieux d’utiliser ce que j’ai déjà aussi longtemps que possible.
Et ensuite je fais trois piles :
- Les vêtements que je vais garder (en mettant de côté ceux qu’il faut repriser s’il y en a)
- Les vêtements que je vais donner
- Les vêtements que je vais recycler parce qu’en trop mauvais état pour être donnés
Là, vous pouvez décider de faire une pile pour les vêtements à vendre si vous avez envie de consacrer du temps à les mettre en vente.
Ce n’est qu’une fois votre garde-robe triée que vous pouvez faire le point sur ce qu’il vous reste, et éventuellement ce qui peut vous manquer.
Je tiens tout de même à préciser que, selon ma vision des choses, l’idée est de moins acheter de vêtements, et pas seulement d’en posséder moins dans la garde-robe. Ce n’est que ma vision personnelle, mais ma priorité est avant tout d’utiliser ce que je possède déjà aussi longtemps que possible pour éviter à la fois les déchets et la surconsommation.
Combien de vêtements dans mon armoire minimaliste?
Souvent, on parle chiffres quand il s’agit de trier. Mon opinion sur le sujet est la suivante : gardez autant de vêtements qu’il vous est nécessaire pour être pratique et amusant dans votre quotidien. Je ne suis pas pour les chiffres arbitraires.
Maintenant, il existe plein d’expérimentations que vous pouvez faire pour justement chercher quelle est la taille de garde-robe qui vous conviendrait le mieux.
Garde-robe capsule
Le concept d’une garde-robe capsule, c’est d’avoir une petite version de votre armoire, qui contient tout le nécessaire pour s’habiller mais avec très peu de vêtements au total. L’idée est donc que tous les vêtements se marient bien ensemble et qu’ils soient interchangeables pour constituer plusieurs tenues.
Les minimalistes un peu extrêmes pourront se contenter d’une garde-robe capsule au total. Pour d’autres, vous pouvez avoir une « capsule » par saison si vous vivez dans un endroit où le climat varie beaucoup d’une saison à l’autre. Ou simplement expérimenter une capsule pour partir en voyage tout en ayant une armoire un peu plus fournie à la maison.
Si vous voulez aller voir des ressources qui parlent de types précis de garde-robe capsule, et que vous parlez anglais, vous avez le projet 333 (en anglais), qui consistent à sélectionner 33 vêtements pour les 3 mois à venir.
Ou encore, il existe un système qui s’appelle le défi 10×10 (en anglais) : 10 vêtements pour 10 jours. C’est ce que j’utilise quand je voyage.
Mon échelle et la fatigue décisionnelle
Enfin, une chose que j’ai mise en place au quotidien : j’ai acheté une échelle en bambou que j’ai placée à côté de mon armoire. Le dimanche, après le repassage, je sélectionne les vêtements que je porterai la semaine suivante, à la manière d’une capsule — je prends entre 5 et 8 pièces qui vont toutes ensemble et qui sont adaptées au climat et aux activités de la semaine à venir.
De cette manière, je n’ai besoin de choisir ce que je vais porter que le dimanche pour la semaine. Les autres matins, je n’ai qu’à saisir un pantalon, un haut et un pull ou gilet sur l’échelle et c’est réglé.
Cette technique permet de réduire la prise de décision, et donc d’éviter ce qu’on appelle la fatigue décisionnelle, qui est le fait de manquer d’énergie mentale à force de prendre plein de décisions plus ou moins importantes au fil de la journée.
Chaîne YouTube : Justine Leconte
Aujourd’hui, j’ai envie de partager une chaîne YouTube que je trouve vraiment intéressante en ce qui concerne les vêtements et l’industrie textile. Elle est malheureusement en anglais mais je la trouve tellement intéressante que je l’ai sélectionnée tout de même.
Sur sa chaîne YouTube, la styliste Justine Leconte partage son expertise à travers des vidéos autour de la qualité des vêtements, comment s’habiller en fonction de sa morphologie, le concept de capsule et bien plus encore.
Ressources mentionnées au fil de l’émission
- Vidéo : Et tout le monde s’en fout sur les vêtements
- Documentaire : The True Cost (sous-titré en FR sur Netflix)
- Podcast : Brooke Castillo « The Life Coach School Podcast »
- Podcast : Esther Taillifet « Se sentir bien »
- Livre : Marie Kondo, La magie du rangement
- Site : Courtney Carver et le projet 333
- Site : Unfancy et le défi 10×10
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La prochaine émission sera publiée début décembre 2018 et concernera différentes manières d’utiliser l’écriture pour ralentir et profiter du moment présent. En attendant, merci de votre présence ici et à bientôt !