Note : Pour que tous les contenus florieteller se situent au même endroit, je suis en train de rapatrier les anciens articles et notes d’émissions de Simple & Cité dans cet espace. Les notes de podcasts ont été anti-datées pour correspondre à la date de publication de chaque émission, mais les articles sur la simplicité, publiés entre 2012 et 2017 sur mon ancien blog la nife en l’air, vont être republiés ici fin 2020 au fil des semaines. Belle lecture !
Épicure est l’un de ces philosophes que l’on imagine entre sagesse ancienne et statues de pierre. Sa philosophie, l’épicurisme, est souvent associée à la poursuite extrême des plaisirs de la vie, à l’abondance et aux luxe, parfois à outrance.
Pourtant, la simplicité est au cœur de sa philosophie, qui consiste à savoir reconnaître et apprécier les moments ordinaires de la vie.
Contrairement à ce que l’on imagine, Épicure était un homme simple et ne vivait pas dans le luxe. Son objectif était d’atteindre la paix et la tranquillité, par l’absence de peur et de souffrance.
Je ne peux dire que j’adhère complètement à cette idée, car la peur et la souffrance font partie de la vie, mais j’aime à penser que ma vision de la simplicité est aussi une recherche d’équilibre.
Avez-vous parfois l’impression de vivre dans l’attente, assis au bout d’une chaise, prêt.e à vivre si seulement vous obtenez cette promotion / un nouvel amour / appartement / manteau ou autres?
Pourtant, la vie se trouve ici et maintenant, et la simplicité telle que je l’envisage consiste à en goûter tous les arômes, à reconnaître, contempler et profiter des petits plaisirs qu’elle nous offre.
C’est là que je m’y retrouve dans la philosophie épicurienne : il ne s’agit pas de chercher le plaisir à tout prix, pour chaque minute de sa vie, mais plutôt d’avoir conscience des petites joies qui sont déjà là et que l’on tend à oublier si vite, acquises, habituelles.
Une autre idée reçue que nous avons sur la philosophie épicurienne, c’est la nature de ces petits plaisirs de la vie.
N’imaginons-nous pas une tablée de victuailles et d’autres péchés capitaux?
Pourtant, Épicure parle de trois types de plaisirs: les plaisirs naturels et essentiels (la liberté, les amis, le gîte et le couvert…), les plaisirs naturels mais non-essentiels (un beau cheval et autres luxes de la vie), et ce qui n’est ni naturel, ni essentiel (le pouvoir et la gloire).
En gros, les amis sont plus importants que la course au pouvoir et à l’argent.
Encore une fois, cette idée résonne avec la forme que prend ma simplicité : mettre les choses les plus importantes au cœur de la vie, amis, famille, projets personnels, contributions.
Se garder de petits luxes quand c’est possible : un bon bain chaud, une bougie parfumée, un pull en cachemire.
Se rappeler que ce n’est pas par l’argent ou le statut social que l’on peut réellement s’accomplir.
Saturés de messages publicitaires qui présentent le luxe, l’argent et le pouvoir comme sources de plaisir, n’est-ce pas précisément le moment de revenir à une simplicité épicurienne?
Pas besoin de nouvelle voiture ou de bijoux de marque pour se sentir bien : sentez le vent caresser votre visage, regardez un coucher de soleil, profitez d’un bon repas en famille ou entre amis.
Ces moments ordinaires ne sont jamais sublimés dans la pub, et pourtant ce sont ces petits plaisirs qui rendent heureux.
Dans ces moments incertains que nous vivons, il est plus que jamais temps de profiter de ces petites choses qui font de nous un peuple vivant et joyeux : la bière en terrasse, le concert de musique, la liberté d’être et d’aimer.
Note : article initialement publié sur la nife en l’air le 18 novembre 2015.