Cette année, comme beaucoup d’écrivains et d’écrivaines, j’ai participé au défi international d’écriture NaNoWriMo ou National Novel Writing Month, qui consiste à écrire 50.000 mots, soit l’équivalent d’un petit roman, en un mois.
Pour la première fois depuis que je participe, je n’ai pas atteint cet objectif officiel.
Et pourtant, pour la première fois depuis que je participe, j’ai véritablement l’impression d’avoir réussi ce défi tant il m’a apporté sur ma connaissance de moi-même, mon habitude d’écriture et plus encore.
Et ce, parce qu’au lieu d’atteindre les 50.000 mots à tout prix, j’ai décidé d’y participer à ma manière, en mode slow.
Voici ce que j’ai appris de ce défi d’écriture abordé avec douceur et sans pression…
Adapter les objectifs à son pourquoi.
La première chose que j’ai adaptée cette année, c’est l’objectif personnel de ma participation au NaNoWriMo. De manière générale, l’objectif proposé par le défi est d’écrire l’équivalent d’un roman en un mois, ensemble avec d’autres auteurs et autrices.
Les objectifs généraux du défi.
Les motivations de participer sont aussi nombreuses qu’il y a de personnes participantes, mais de ce que j’en ai compris, le but initial des créateurs du défi est de se montrer à soi-même qu’on est capable de compléter un roman. Même si ce n’est qu’un premier brouillon. Même s’il reste encore beaucoup de travail de correction.
Une autre motivation commune est l’émulation de groupe : beaucoup de personnes participent à ce défi au mois de novembre. C’est l’occasion de se rassembler, soit dans les cabines de discussion du site officiel, soit via des canaux officieux, sur Discord, des forums ou autres.
Quel est mon pourquoi personnel ?
Or, aucun de ces objectifs-là ne me fait particulièrement vibrer : j’ai déjà complété plusieurs manuscrits de romans, donc je sais que j’en suis capable. J’écris tout au long de l’année, donc je n’ai pas particulièrement envie de finir un brouillon en si peu de temps.
Et, comme dirait Gretchen Rubin avec ses 4 profils, je suis “questioner”, ce qui signifie que mes sources de motivations sont plutôt internes, liées à mon pourquoi profond, et non pas à la motivation externe de participer à un défi en groupe.
Du coup, cette année, au lieu de participer selon les règles générales sans me poser de questions, j’ai décidé d’adapter le défi à mes besoins, et d’en faire un NaNoWriMo en mode slow.
Parce que ce que j’attends du défi n’est ni de compléter un roman, ni de trouver un groupe de soutien.
Qu’attendez-vous de vos défis, projets et initiatives ?
Ce que j’attendais du NaNoWriMo cette année, c’était deux choses : renouer avec le plaisir d’écrire, et inviter à nouveau l’écriture dans mon quotidien.
Dans ces deux idées, on retrouve une idée de régularité et d’enthousiasme, mais aucun objectif de performance. J’ai donc laissé tomber les 50.000 mots pour me concentrer sur un seul objectif : écrire chaque jour. Même une seule phrase. Même cinq minutes. Tant que j’avais ouvert mon texte, c’était gagné. La suite, c’était en fonction de mon envie, mon énergie, mon enthousiasme.
Quel que soit le type de projet, défi ou initiative à laquelle vous participez – des cours et ateliers, des défis comme le NaNoWriMo, des projets que vous lancez… – je vous invite à vous approprier le pourquoi et les objectifs.
Et ce, même si l’initiative en question arrive déjà avec des explications sur les objectifs ou les raisons globales de participer.
Si vous choisissez de rejoindre un groupe de soutien dans un domaine précis, pourquoi ? Si vous participez à un défi sportif, pourquoi ? Si vous rejoignez un collectif d’auteurs et autrices pour proposer des nouvelles, pourquoi ?
Qu’en attendez-vous ? Quels sont vos besoins à vous ? Avec quel état d’esprit entrez-vous dans cette activité ?
S’approprier les objectifs, je trouve que c’est une étape souvent oubliée et pourtant cruciale. En tout cas, ça l’a été pour moi cette année : le NaNoWriMo m’a davantage apportée que toutes les années précédentes où j’avais pourtant atteint l’objectif des 50.000 mots en un mois.
Ce que j’ai appris sur moi-même.
En entrant dans le défi NaNoWriMo avec des intentions claires, j’ai appris énormément de choses sur moi-même, parce que j’étais en position d’écoute et d’observation.
Je ne suis pas une scientifique, donc je connais mal les protocoles de recherche, mais de ce que j’en comprends, aucune équipe de recherches ne se lance dans une expérience sans savoir exactement ce qu’ils cherchent et quels paramètres ils comptent observer.
Et bien c’est pareil avec un défi quel qu’il soit. Pour qu’une expérimentation comme le NaNo m’apporte des apprentissages, encore fallait-il que je les cherche.
Et voici ce que j’ai trouvé :
- La pression des chiffres est contre-productive pour moi : un objectif de performance (ici : 1667 mots par jour) me met la pression, me stresse à l’idée de ne pas y arriver et enlève tout l’enthousiasme de la session.
- À l’inverse, la régularité est importante pour moi, quelle que soit la performance atteinte chaque jour. À force de me pointer et d’être là pour moi-même, je me fais confiance, je sais que je peux compter sur moi, ce qui fait grandir ma sérénité, ma confiance en moi et mon estime de moi.
- J’ai besoin de respecter mes rythmes, mes cycles, mon énergie et mes humeurs. Je suis un être humain, pas une machine. Ainsi, plutôt que d’attendre de moi-même une performance égale (1667 mots chaque jour), c’est plus naturel et doux pour moi de prendre en compte ce dont je suis capable chaque jour. Certains jours, j’ai écrit plus de 2000 mots, et d’autres, j’en ai écrit moins de 20.
- J’ai aussi pris conscience que malgré mon emploi du temps chargé, si je veux, je peux toujours trouver cinq minutes pour ouvrir mon fichier texte et écrire une phrase.
Si vous participez à ce genre de défi ou si vous vous engagez dans une activité nouvelle, je vous invite vivement à garder cet état d’esprit d’expérimentation et de chercher les leçons que cette nouvelle expérience peut vous apprendre sur vous-mêmes.
C’est par l’observation, l’expérimentation et l’ajustement progressif que l’on s’améliore au fil du temps…
Mon rituel de création.
Un autre élément capital que j’ai compris sur moi-même en tant qu’artiste, c’est l’importance de me mettre en condition pour créer. Par un rituel de mise en mouvement créatif, je signifie à mon cerveau qu’il est temps de me focaliser sur la création.
Alors j’ai testé, au fil des jours pendant le NaNoWriMo, différents éléments de ce petit rituel pour en adopter un qui me convienne personnellement et que je peux emmener partout avec moi.
Mon rituel actuel est le suivant :
- J’allume une bougie pour démarrer symboliquement ma session de création
- Je me prépare un thé bien chaud (ou bien frais en été)
- Je sors mon Bullet Journal d’écriture (ou mon sketchbook d’illustrations) et je commence une nouvelle entrée de journal
- J’ouvre mon texte ou je sors ma feuille vierge
- Je commence à créer
Il est probable que ce petit rituel évolue à mesure que je grandis en tant qu’artiste. Je n’aurai peut-être pas toujours besoin des mêmes éléments pour me mettre en condition.
Mais pendant ce NaNoWriMo, j’ai remarqué à de nombreuses reprises que quand je n’avais pas trop envie de me mettre à écrire, allumer ma bougie et sortir mon Bullet Journal d’écriture, en me disant que je peux très bien arrêter au bout de cinq minutes si je n’ai vraiment pas envie, m’a systématiquement aidée à m’y mettre.
Et bien souvent, une fois lancée, je me suis plongée dans mon texte pour bien plus longtemps que seulement cinq minutes...
L’écriture après le défi…
Pour terminer cet essai autour de ma participation 2020 au NaNoWriMo, voici ce que j’ai décidé pour l’écriture à la suite de ce défi.
Les années précédentes, j’ai constaté que, brûlée par trop de pression sur les chiffres, j’avais arrêté d’écrire pendant plusieurs semaines à la fin du NaNoWriMo. Vu que mon objectif cet année consistait à trouver à nouveau une place pour l’écriture dans mon quotidien, j’ai bien l’intention, cette fois-ci, de prendre ces apprentissages avec moi en décembre pour continuer une pratique d’écriture régulière…
Tout d’abord, j’ai décidé d’intégrer tout ce que j’ai compris sur moi-même grâce au défi pour continuer à écrire chaque jour avec joie au mois de décembre. La répétition plutôt que la performance, mon petit rituel de mise en condition et, toujours, mon Bullet Journal d’écriture à mes côtés.
Côté format, je ne suis pas sûre que ce soit réellement lié au défi d’écriture en soi, mais j’ai compris récemment que je prenais davantage de plaisir à écrire des petites histoires, des tranches de vie avec mes personnages, plutôt que de longs romans à enjeux lourds.
Du coup, même si je vais continuer à corriger puis soumettre les manuscrits déjà terminés, j’ai choisi de me consacrer plutôt à l’écriture de nouvelles, novellas et séries littéraires ces prochains mois.
Pour la satisfaction de terminer des histoires plus souvent, de passer d’un univers à l’autre et visiter plusieurs de mes nombreuses idées au fil du temps, mais aussi pour la satisfaction de rencontrer mon lectorat.
Éditeurs et curiosités.
J’ai deux romans terminés en ce moment : un premier en soumission depuis mai 2019 (!) et un deuxième que je dois corriger puis envoyer en bêta-lecture.
Je compte passer par le système d’édition traditionnelle pour ces deux histoires indépendantes, déjà parce que je n’ai aucune compétence en mise en page et impression de romans complets (et je n’ai pas envie d’apprendre), ensuite parce que j’ai envie de tester la collaboration avec des professionnels de l’édition qui peuvent beaucoup m’apporter pour améliorer mes textes longs.
Mais, comme vous pouvez le constater avec les Allumés de la Sphère, qui attend toujours son sort depuis plus d’un an, le cycle de l’édition, c’est long. J’ai déjà des nouvelles publiées à compte d’éditeur, donc je sais que c’est possible, je n’ai plus rien à me prouver à ce niveau-là.
Et pour la collaboration éditoriale sur mes romans, je ne suis pas pressée, le monde de l’édition peut prendre tout son temps.
En revanche, je me rends compte via les autres contenus que je vous propose en direct à vous, mon lectorat, mon audience qui êtes touchés par mon univers et ma voix, que j’apprécie ce lien que je crée avec vous quand je publie un podcast, une illustration, un article…
Et je n’ai pas envie d’attendre des années que mes romans soient publiés pour tisser ce lien avec celles et ceux d’entre vous qui seraient sensibles à ma plume de fiction.
C’est pour cette raison que j’ai créé la collection Café Litté dans mon cabinet de curiosités, la boutique expérimentale que j’ai lancée en 2020.
Et c’est pour cette raison qu’en 2021, j’ai décidé de transformer cette expérimentation en véritable collection, et de vous proposer des textes de fiction courte, en direct de vous à moi, sans attendre les éditeurs.
Au moment où j’écris ce bilan, une nouvelle est déjà disponible, et une novella (c’est-à-dire une nouvelle un peu trop longue, ou un roman un peu trop court) est en cours de corrections pour être publiée, je l’espère, avant Noël 2020.
Et en 2021, outre les deux romans déjà prêts que je vais continuer à chouchouter dans leur parcours éditorial, je vais plutôt vous écrire d’autres textes pour la collection Café Litté. J’ai très hâte de toucher vos cœurs et lire vos retours !
Et vous, qu’avez-vous appris sur vous-mêmes récemment, soit grâce au NaNoWriMo si vous avez participé, soit via d’autres défis et initiatives qui ont émaillé votre année 2020 ?