Il est dit que la plus grande force des créateurs et artistes qui ont développé leur travail, et rencontré un certain succès (qu’il soit modeste ou planétaire) ont au moins une caractéristique en commun : ils ont persévéré.
À l’heure des bonnes résolutions, où 98% d’entre nous laisseront tomber au bout d’un mois à peine, comment rester motivé et persévérer ?
Il existe une quantité de conseils sur internet, dans les livres de développement personnel, pour se fixer des objectifs réalistes et atteignables. Aujourd’hui, je ne vais pas passer en revue tous les conseils existants sur le sujet. Je souhaite plutôt me focaliser sur un aspect en particulier, qui est valable pour toutes sortes d’aspirations, que ce soient des objectifs précis ou simplement une envie de grandir et de s’épanouir.
Je vais me concentrer sur la motivation vers une réalisation créative, vu que le conseil me vient du photographe Brandon Stanton à propos de son art, mais je pense que cela peut s’appliquer même si vos aspirations ne sont pas artistiques à proprement parler.
Ce conseil est simple : pour se motiver et mesurer nos résultats ou nos avancées, il faut se concentrer sur des objectifs intrinsèques, sur lesquels nous avons le contrôle.
Que contrôlons-nous ?
Dans tout projet, initiative, aspiration ou rêve, comme dans le reste de la vie, il y a les paramètres que nous contrôlons, et ceux sur lesquelles nous n’avons aucune emprise. Nous contrôlons notre travail, nos efforts, mais nous n’avons aucune emprise sur autrui, leurs réactions ou leur enthousiasme.
Par exemple, en tant qu’autrice, je ne contrôle pas les réactions des maisons d’éditions face à mes manuscrits. Qu’une de mes nouvelles soit acceptée pour un appel à textes ou pas ne dépend pas de moi. Qu’une maison d’édition accepte de publier mon roman ou pas ne dépend pas de moi.
Mais, bien souvent, il existe aussi une partie que nous contrôlons. Par exemple, si je n’envoie pas de manuscrit à une maison d’édition, je ne risque pas d’être acceptée. Et si ce manuscrit est plein de fautes, mal écrit ou plat, les chances qu’il soit accepté diminuent. Travailler à ce manuscrit, l’écrire, le faire relire, le corriger, avoir le courage de l’envoyer, ce sont des choses que je contrôle, moi.
Se fixer des objectifs intrinsèques
Quand on se fixe un objectif qui dépend de personnes externes, autrement appelé extrinsèque, on se démotive bien souvent très vite. Pourquoi ? Parce que la réalisation de cet objectif ne dépend pas de nos efforts, donc les choses n’évolueront peut-être pas au rythme que nous voulons malgré notre travail acharné. Et le manque de résultats affecte la motivation de continuer.
Par exemple, avoir comme objectif d’atteindre 5000 abonnés ou de « devenir un auteur à succès » est vide de sens, car cela dépend des abonnés, des lecteurs, et nous n’avons aucun contrôle sur eux.
Ainsi, par exemple pour un auteur auto-publié, si vous faites tout le nécessaire pour attirer les abonnés sur votre chaîne/blog/page mais qu’elle ne décolle pas, vous allez être découragé.e, avoir l’impression de fournir tous ces efforts pour rien. Et, peut-être, avec le temps, baisser les bras.
Alors qu’avec un objectif intrinsèque, sur lequel nous avons un contrôle, nous voyons les choses évoluer puisque les résultats ne dépendent que de nous. Pour reprendre l’exemple d’un site ou d’une chaîne à faire grandir, des objectifs intrinsèques pourraient être d’apprendre de nouvelles techniques d’édition vidéo pour fournir du contenu de meilleure qualité, ou encore de publier un article par semaine minimum.
Avec de tels objectifs, même si le nombre d’abonnés ne décolle pas, en voyant la qualité des vidéos s’améliorer ou le site s’enrichir d’un article chaque semaine, on ressent un sentiment d’accomplissement. L’objectif fixé est atteint et le contenu s’étoffe.
Peut-être alors qu’une conséquence de ces objectifs intrinsèques sera une augmentation du nombre d’abonnés, mais comme ce n’est pas le but à atteindre, notre motivation n’en dépend pas. Par exemple, Brandon Stanton, le photographe à l’origine du projet Humans of New York, explique dans le podcast Magic Lessons d’Elizabeth Gilbert que lorsqu’il s’est lancé dans son projet, il avait deux objectifs : travailler sur ce projet une heure par jour, et prendre au moins un portrait par semaine pour enrichir son œuvre. C’est tout.
Pas d’objectif de succès, de reconnaissance ni même de revenus financiers. Il s’était arrangé pour remplir ses besoins financiers avec un travail qui lui permettait de consacrer une heure par jour à son projet, et il ne travaillait que sur ce dont il avait le contrôle. Comme il le dit lui-même, s’il avait lancé le projet dans le but d’être connu, il aurait laissé tomber bien avant que Humans of New York n’émerge vers le succès qu’il connaît aujourd’hui.
Des efforts récompensés
S’engager à travailler sur un projet, un rêve ou une aspiration demande beaucoup de courage et de travail. Rien n’arrive du jour au lendemain et ce n’est qu’en remettant sur le métier notre ouvrage chaque jour que l’on peut, à terme, faire naître quelque chose—qui ne ressemblera probablement pas à l’idée initiale que l’on s’était imaginée. Pour ce faire, il est nécessaire de rester motivé, de persévérer malgré les échecs et les erreurs qui sont autant d’apprentissages aidant à grandir et à s’améliorer.
En choisissant des objectifs sur lesquels nous avons le contrôle, on se donne la possibilité de rester motivé.e à long terme, car les résultats dépendent alors de notre travail, notre assiduité et notre régularité, et rien d’autre.
Ainsi, nos efforts sont récompensés et nourrissent notre motivation. En même temps, en restant motivé.e.s et en continuant à avancer sur nos projets jour après jour, nous construisons quelque chose qui, peut-être, créera des conséquences inattendues, sur lesquelles nous n’avons pas de contrôle, comme le succès fulgurant de Humans of New York. Un succès qui n’aurait pas été possible si Brandon Stanton ne s’était pas fixé comme objectif de travailler à son projet une heure par jour, et s’il ne s’y était pas tenu.
Pour reprendre mon exemple d’autrice de fiction, il est probable que les nouvelles que je m’engage à écrire et le manuscrit que je m’engage à finir, corriger et envoyer soient refusés par les maisons d’éditions. Comme dirait Elizabeth Gilbert, je vais commencer ma grande collection de lettres de refus, celle que possèdent tous les écrivains. Mais je ne me fixe pas comme objectif d’être publiée, je me fixe comme objectif d’améliorer ma plume et d’avoir le courage d’envoyer les manuscrits. Rien de plus.
Ainsi, je ressentirai un sentiment d’accomplissement au moment d’envoyer le texte, qu’il soit retenu ou non. Si vous pratiquez le fameux rituel des bonnes résolutions en ce début d’année 2017, je vous conseille de vous prêter à ce petit exercice : avant de vous fixer une résolution, demandez-vous si sa réalisation ne dépend que de vous. Si ce n’est pas le cas, reformulez-la de manière à vous assurer que votre travail et votre persévérance sont les seuls ingrédients nécessaires à l’accomplissement de votre résolution !