Aujourd’hui, j’ai envie d’aborder un sujet que je pense important pour beaucoup d’entre nous, et qui s’accentue souvent dès qu’on sort de sa zone de confort pour tester quelque chose de nouveau : le syndrome de l’imposteur.
Listen to “069 | Syndrome de l’imposteur” on Spreaker.Qu’est-ce que le syndrome de l’imposteur?
Pour faire court, c’est cette sensation que nous ne sommes pas légitimes à faire ce que nous faisons, à être où nous sommes, ce qui nous retient de donner le meilleur de nous-même et de continuer à créer de belles choses.
Par exemple, j’ai mis beaucoup de temps à assumer et revendiquer que je suis écrivain. Pourtant, j’écris depuis que je suis toute petite, je suis inscrite sur un forum de bêta-lecture, j’ai publié deux nouvelles et terminé plusieurs romans en cours de correction. J’écris plusieurs heures par jour et je commence à connaître les rouages d’une histoire qui marche. De fait, je suis écrivain.
Alors pourquoi ne pas oser le revendiquer en public? Parce que je ne me sentais pas légitime à le faire, n’ayant encore publié aucun roman à compte d’éditeur. Et bien ça, mes amis, c’est le syndrome de l’imposteur qui parle.
Surtout ne pas se vanter
Nous vivons dans un monde où il est mal vu de reconnaître notre propre valeur. C’est d’autant plus vrai pour les femmes, mais je pense que ce problème se présente pour tout le monde. S’autocongratuler ou se vanter de ce qu’on a réussi, ça ne se fait pas. Du coup, non seulement on se censure quand on est fier de ce qu’on a accompli, mais avec le temps, on finit par ne plus voir ce qu’on a fait. Notre esprit finit par se concentrer sur les erreurs, les échecs.
En se concentrant ainsi que ce qui ne va pas, on peut finir par se dire que l’on n’est pas à la hauteur de notre poste, notre métier ou nos projets. On pense qu’on ne mérite pas le crédit qui nous est accordé, on se croit imposteur.
Créativité et imposture
J’ai décidé de rattacher le thème du syndrome de l’imposteur à la créativité, parce que je pense sincèrement que la plupart des personnes qui tentent de créer quelque chose à l’âge adulte le ressentent à un moment. Et ce, que ce soit dans le cadre d’un projet de carrière ou d’un loisir du dimanche. Et je pense que c’est un vrai frein à la créativité.
Le syndrome de l’imposteur, c’est quand on pense qu’on n’a pas vraiment les compétences pour ce qu’on fait. Par exemple au travail, on ne se juge pas vraiment assez qualifié pour ce que le poste demande. C’est aussi valable dans des projets personnels comme monter une asso, lancer un blog ou un podcast, et encore plus quand on se lance dans un projet indépendant ou artistique.
Et plus on est loin des standards que la société met en avant comme étant une réussite — les beaux diplômes de grandes écoles, les carrières prisées dans notre société, etc. — plus on risque d’en souffrir. Je voulais vous en parler, non seulement parce que je suis en train de le vivre en ce moment, mais aussi parce que je pense que nous sommes nombreux à le vivre dans un domaine ou un autre de la vie et que ça nous empêche d’avancer vers ce qu’on veut vraiment.
Le paradoxe de l’imposture et la compétence
Dans mon cas personnel, j’ai remarqué une chose intéressante. Je fais des choses pour lesquelles je n’ai aucun talent de manière régulière : je dessine des trucs, je tricote des machins, je cuisine approximativement… Malgré cela, je n’ai jamais ressenti de syndrome de l’imposteur vis-à-vis de ces choses-là.
Par contre, depuis que je me suis mise à mon compte en communication (où j’ai un diplôme et huit ans d’expérience) et depuis que j’ai décidé de faire de l’écriture mon métier (alors que j’écris depuis que je suis petite), ce sont dans ces deux domaines-là que mon ami en imperméable beige, j’ai nommé le syndrome de l’imposteur, pointe le bout de son nez.
Je ne sais pas si c’est la même chose pour vous (n’hésitez pas à m’en faire part, je suis curieuse!) mais dans mon cas, paradoxalement, c’est dans les domaines où je suis compétente que je suis le plus sujette à ce genre de doutes. Et je me suis demandée pourquoi.
Mais c’est évident, non?
Quand j’ai décidé d’emmener mon métier de communication dans une direction qui me permette d’être en accord avec mes valeurs, j’ai commencé à aider des artistes et des toutes petites entreprises avec une communication qui soit authentique, humaine et éthique. J’ai commencé à donner des conférences, des formations et des ateliers sur ce sujet.
Et au fil de ces interventions, je me suis rendu compte que ces entrepreneurs et ces artistes me posaient des questions qui moi me paraissaient évidentes. Tellement évidentes que je n’avais même pas conscience que ça ne l’était pas pour d’autres. C’est évident pour moi précisément parce que je suis experte en communication, et donc qualifiée pour leur donner des conseils.
Quand on commence à avoir des compétences dans un domaine, ça nous paraît facile, évident, on ne voit plus que c’est difficile pour les autres. Donc on ne s’attribue pas de crédit pour être capable de le faire, puisque c’est devenu naturel. À l’inverse, étant devenu un peu plus expert, on remarque les erreurs tout de suite. D’où l’impression de ne pas être qualifié alors que si, en fait.
Alors je vous invite à réfléchir, si vous ressentez un syndrome de l’imposteur dans un domaine ou un autre : avez-vous conscience de ce que vous savez faire, qui vous paraît évident mais ne l’est pas du tout pour d’autres?
Comparer nos coulisses avec le spectacle des autres
Un autre point qui me paraît intéressant avec le syndrome de l’imposteur, c’est celui de la comparaison. Souvent, quand on ne se sent pas qualifié à faire ce qu’on fait, on se compare à nos pairs, qui eux, paraissent tout à fait à l’aise dans leur domaine et bien plus légitimes que nous. Et cette impression renforce notre syndrome de l’imposteur.
Pourtant, qui sait si ces pairs avec qui on se compare n’ont pas de doutes et de peurs, eux aussi? En fait, on compare l’ensemble de notre personne, avec nos pensées, nos doutes, nos échecs passés etc., avec une image externe et actuelle de quelqu’un d’autre.
Par exemple, si je me compare à d’autres écrivains, je vais comparer tous mes premiers romans pourris, mes échecs et mes refus au fil des années avec leur liste de romans publiés et bien écrits. Mais peut-être qu’eux aussi ont reçu des lettres de refus et leur roman était tout pourri? Sauf que moi, je ne le sais pas. Donc je compare une image de réussite actuelle avec tout mon bagage d’erreurs et de tâtonnements.
Un autre conseil que je vous donnerais donc, c’est : ne comparez pas vos coulisses avec le spectacle des autres personnes. Tout simplement parce que ce n’est pas comparable.
Syndrome de l’imposteur et “haut potentiel”
Enfin, de manière complètement contre-intuitive, le syndrome de l’imposteur est particulièrement présent chez les haut potentiels. Aussi appelés “surdoués”, “très haut QI” ou “zèbres”, ce sont des personnes qui ont une intelligence différente, considérée comme supérieure mais qui simplement ne fonctionne pas pareil. On pourrait se dire que ces personnes sont particulièrement susceptibles de se croire supérieures aux autres.
Mais en fait, c’est tout l’inverse, et je vous le dis d’expérience. Déjà, un haut potentiel (HP) étant très lucide sur lui-même et le monde qui l’entoure, il ou elle a une conscience bien plus accrue de ses propres défauts et erreurs, ce qui le (ou la) rend plus susceptible de se croire nul(le). En plus, un(e) HP n’est pas excellent dans toutes les formes d’intelligence, mais seulement certaines. Du coup, il ou elle va juger l’ensemble de ses compétences à l’aune de cette excellence ponctuelle et va se trouver nul(le) dans tout le reste.
Je pourrai reparler des HP dans un article futur si vous le souhaitez, mais en attendant, si vous êtes HP ou connaissez des HP autour de vous, je vous invite à vous rappeler que, contrairement à ce qu’on pourrait croire, le syndrome de l’imposteur nous touche encore plus durement que d’autres.
Que faire de ce syndrome de l’imposteur?
À titre personnel, je pense que, comme la peur, le syndrome de l’imposteur est inévitable, et il est inutile de tenter de le combattre. Je dirais même tant mieux, quelque part, parce que ça permet de garder les pieds sur terre et de continuer à s’améliorer en restant humble et authentique.
Du coup, comme la peur, je conseille d’accepter ce que vous ressentez lorsque vous êtes confrontés à votre syndrome de l’imposteur. Acceptez les doutes, écoutez-les, remerciez monsieur le syndrome de l’imposteur, et avancez quand même. Comme dit Elizabeth Gilbert “Ressentez la peur et faites-le quand même”. Je pense qu’on peut appliquer le même raisonnement au syndrome de l’imposteur.
Ressentez ce sentiment de ne pas être à la hauteur, et lancez-vous quand même. Ce n’est pas chose facile, loin de là. C’est même extrêmement difficile. Mais c’est possible et je vous invite à y songer à l’avenir.
Enfin, je vous invite à vous rappeler que quand on débute, c’est normal d’être perdu et de ne pas savoir comment s’y prendre. C’est humain d’être nul au début, mais justement, c’est tout aussi humain d’apprendre et de s’améliorer au fil du temps. Mais ça, ce n’est possible que si on essaye, qu’on se laisse le droit d’échouer pour apprendre pourquoi ça n’a pas marché, retenter différemment, et s’améliorer peu à peu dans le processus.
Ressources
- Croc-Odile : le syndrome de l’imposteur
Pingback: Multipotentiel et voix multiples | BN071 – florieteller
Pingback: Le syndrome de l’imposteur – florieteller